Chaque 
                        mois, nous sélectionnons un article que nous mettons 
                        en ligne.
                        Cet article a été publié au numéro 
                        136 de Septembre 2004 dans la rubrique "Les réponses 
                        des ministres aux questions des parlementaires". Nous opérons 
                        une sélection de ces questions au journal officiel 
                        et en réalisons un commentaire lorsque cela se 
                        justifie.
                        
                        Question - M. Patrick Labaune attire l'attention 
                        de M. le ministre de la culture et de la communication 
                        sur la concurrence de certaines associations ayant une 
                        activité marchande identique à celle qu'exercent 
                        des entreprises privées, notamment dans le domaine 
                        de la danse. En effet, des acteurs du monde associatif 
                        proposent les mêmes prestations que les écoles 
                        de danse privées. Or ces associations, souvent 
                        subventionnées et hébergées par les 
                        pouvoirs publics, ne subissent pas les mêmes contraintes 
                        fiscales et sociales. Elles fonctionnent avec des bénévoles, 
                        des stagiaires non payés, ou des contrats précaires. 
                        Les écoles de danse privées doivent, quant 
                        à elles, supporter des charges sociales et fiscales 
                        lourdes, payer des primes d'assurance et remplir des conditions 
                        strictes de qualification. De ce fait, les associations 
                        peuvent offrir des tarifs plus attractifs que les écoles 
                        de danse privées qui perçoivent cela comme 
                        une concurrence déloyale. C'est pourquoi il souhaiterait 
                        connaître les mesures qu'il entend prendre pour 
                        lutter contre cette forme de concurrence déloyale 
                        des acteurs associatifs ayant une activité marchande 
                        à l'égard des entreprises privées.
                        
                        Réponse. (1) - 
                        Les associations qui, de par leur mode de fonctionnement 
                        et les méthodes commerciales mises en uvre, 
                        entrent directement en concurrence avec les entreprises 
                        sont, en principe, soumises au même régime 
                        fiscal et social que ces dernières. Tel est le 
                        cas des écoles de danse régies par la loi 
                        du 1er juillet 1901, dont la gestion ne serait pas désintéressée 
                        et qui agiraient dans un but lucratif. Il ne pourrait 
                        être répondu plus précisément 
                        à l'honorable parlementaire que, si par l'indication 
                        du nom et de l'adresse des associations qui n'appliqueraient 
                        pas ces principes, le ministère de la culture et 
                        de la communication était en mesure de diligenter 
                        une enquête en liaison avec les autres ministères 
                        concernés.
                        
                        Commentaire : la réponse du ministre 
                        est d'une naïveté désarmante. En effet, 
                        la presque totalité des associations intervenant 
                        dans ce secteur de l'enseignement artistique sont des 
                        associations à but lucratif intervenant dans un 
                        secteur concurrentiel et utilisant des méthodes 
                        commerciales, notamment pour la recherche d'élèves. 
                        Un part fort importante de ces associations sont de plus 
                        des associations illégales composées uniquement 
                        de prêtes noms destinés à salarié 
                        l'animateur réel par ailleurs au chômage 
                        dans le cadre de régime des intermittents, ou agent 
                        public dans un conservatoire ou une institution culturelle 
                        et n'ayant en principe pas le droit d'avoir un second 
                        emploi. De plus, les subventions ou les mises à 
                        dispositions de locaux gratuits ou à des coûts 
                        préférentiels leurs permettent d'offrir 
                        des prestations inférieures à leur prix 
                        de revient, ce qui est là encore illégal. 
                        Des établissements publics, intervenant dans le 
                        secteur de l'enseignement artistique offrent également 
                        des prestations de nature commerciale à des prix 
                        inférieurs à leur prix de revient et faussent 
                        la concurrence. Les pouvoirs publics ont en effet souvent 
                        oublié qu'ils ne sont en principe autorisés 
                        à intervenir dans le secteur concurrentiel qu'en 
                        cas de carence ou d'insuffisance de l'initiative privée. 
                        De nombreux professeurs de danse sont d'ailleurs contraints 
                        d'avoir recours à cette méthode associative 
                        pour pouvoir continuer à exercer leur métier, 
                        ce qui implique qu'ils restent concurrentiels par rapports 
                        aux tarifs en vigueur. Ils se déclarent parfois 
                        même aux Assedic en qualité d'artiste pour 
                        survivre dans un marché largement faussé 
                        par les institutions publiques et para publiques.
                        
                        Il est effectivement utile de rappeler qu'une collectivité 
                        locale ne peut en principe baser une tarification ou offrir 
                        des services aux seules associations selon la loi de 1901. 
                        En effet, ces associations se formant librement, leur 
                        existence sous ce statut n'offre aucune garantie de conformité 
                        avec les exigences de la loi de 1901. Seule notion de 
                        d'entreprise ou d'activité à but non-lucratif 
                        est un critère objectif permettant à une 
                        collectivité locale de fonder une tarification 
                        ou de réserver des prestations. Effectivement , 
                        les contentieux et la jurisprudence sont rares. Si l'on 
                        veut exister et continuer à exercer son art, il 
                        est très difficile de se permettre un contentieux 
                        avec les institutions.
                        
                        Le ministère de la culture et les pouvoirs publics 
                        étant les premiers à utiliser cette méthode 
                        de recours à des associations selon la loi de 1901 
                        ou à subventionner des entreprises commerciales 
                        ayant choisi ce statut associatif pour permettre à 
                        leur dirigeants de fait de percevoir le chômage, 
                        il peut paraître illusoire de leur demander d'intervenir 
                        pour corriger ce problème. Il est cependant rare 
                        que des élus soulève ce type de questions 
                        et il nous a donc semblé important de nous en faire 
                        l'écho.
                        (1) Jo A.N. du 27 juillet 2004, p. 
                        5775.
                      
                      
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