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Chaque mois, l'essentiel de l'actualité du droit et de la gestion de la création artistique
  
Annexe 6 - 5.
Interview d’Emmanuel HOOG,
administrateur délégué du Piccolo


Pouvez vous nous donner en résumé un aperçu des derniers épisodes survenus au Piccolo teatro ? (1)

" STREHLER a démissionné de son poste de directeur à la fin de l’année 1996 pour différentes raisons, dont la construction d’une nouvelle salle de théâtre à Milan. Il y avait un conflit entre STREHLER et la municipalité qui était tenue à l’époque par la ligue du nord. Ce conflit avait pour origine plusieurs raisons : le théâtre, le niveau du subventionnement qui était très faible, de l’ordre de 23 millions (en France le théâtre national le moins subventionné, le théâtre de la Colline atteint les 35 millions, alors que le Piccolo, le théâtre le plus subventionné en Italie ne l’était que de 23 Millions). La thématique de STREHLER c’était de dire, quand on évalue le niveau de qualité et de reconnaissance du Piccolo, qu’il n’atteint pas le quart du dixième de la Comédie Française, du Royal Shakespeare Company, du théâtre de Berlin, du théâtre Royal de Suède etc. deuxièmement il y avait le problème du nouveau théâtre, le Piccolo est né en 1947 dans une petite salle de spectacle. STREHLER s’était battu pour obtenir une grande salle. Et puis il y avait un autre débat qui était que la nouvelle majorité au gouvernement souhaitait mettre en chantier une nouvelle loi sur les spectacles, à l’intérieur de laquelle le Piccolo serait identifié comme théâtre national. Mais comme ces sujets butaient pour des raisons diverses et variées, et notamment pour une incompatibilité d’humeur entre STREHLER et la mairie de Milan, STREHLER a démis-sionné. "

Mais il avait déjà eu des problèmes par le passé

" C’est une histoire qui a été close par un non lieu il y a trois ans et STREHLER avait été blanchi. Le théâtre avait reçu des subventions européennes. Le Piccolo théâtre de l’Europe... "

Mais vous parlez du théâtre de l’Europe de l’Odéon ?


" Non c’est autre chose, c’est l’Odéon qui s’appelle théâtre de l’Europe mais il se trouve que le Piccolo s’appelle aussi " Piccolo théâtre de l’Europe " mais, ce sont deux choses totalement différentes. Bon, cela on le met de côté, on n’en parle pas ! Or donc, il s’agissait de savoir qui allait remplacer STREHLER. Notamment VELTRONI, le vice-président du conseil italien, qui est en même temps chargé des affaires culturelles, a sollicité Jack LANG. "

Cela ne s’est pas passé dans le sens inverse?


" On a cherché quelqu’un qui soit un ami de Giorgio STREHLER, quelqu’un qui travaillerait pour son retour et non pour rester en place, et d’autre part une figure emblématique de la culture européenne à la dimension de STREHLER. "

On voit bien que les chemins de Jack LANG et de Giorgio STREHLER se sont croisés avant, au moment de la création du théâtre de l’Europe à l’Odéon par exemple.

" Il se sont connus dans les années 60. Le théâtre de l’Europe était une idée de STREHLER, qu’il a proposé à LANG, et que le ministre de la culture et François MITTERRAND ont accepté en 1982. Pour l’Odéon il en a été nommé directeur en 1982 dans un contexte un peu particulier où l’Odéon résidait 6 mois à la Comédie Française et 6 mois au Théâtre de l’Europe. Pendant les six mois du Théâtre de l’Europe, il en était le directeur et cela pendant 6 ans. "

A cette époque, une pièce de Pierre Corneille L’illusion a été jouée deux années de suite pourquoi?

" Cela a eu énormément de succès , c’était un chef d’œuvre ! "

Pourtant il y aurait eu une déprogrammation la première année?

" Oui parce que STREHLER est tombé malade. Cela ne s’est pas joué. "

Il y a donc eu une reprogrammation


" Oui... cela a été ensuite joué deux années.

Mais revenons à la nomination de LANG au Piccolo.

LANG est en effet arrivé comme directeur, entre parenthèses il m’appelle et me dit qu’il a besoin de quelqu’un avec lui, et comme je le connaissais bien, ainsi que le Piccolo, il m’a demandé d’être directeur délégué auprès de lui. À partir de janvier on a travaillé sur trois dossiers qui étaient: 1) terminer le chantier du nouveau théâtre ; 2) accélérer le projet de loi et faire passer dans ce projet le statut du Piccolo comme théâtre national ; et troisièmement trouver des financements complé-mentaires pour que le Piccolo soit ajusté sur ses homologues européens. En même temps, le Piccolo fêtait son cinquantième anniversaire. Cela a été un travail de six mois. "

Vous même n’avez pas été nommé tout de suite?


" J’ai été nommé début février. "

Pourtant il semble qu’il y ait eu des discussions au sujet de votre nomination au Piccolo alors même que vous étiez encore à l’Odéon?

" Cela s’est fait dans des discussions normales, car cela ne me prenait que trois jours par semaine. En même temps cela faisait cinq années que je me trouvais à l’Odéon, alors la boutique tournait bien. "

Mais il semble que cela créait des problèmes juridiques?

" Non, cela s’est fait... non, mais ne confondons pas les problèmes d’organisation matérielle et l’essentiel. L’essentiel c’est quand même... c’est comme si à un moment vous avez un employeur, ensuite vous en avez deux, il faut quand même réorganiser les choses autrement. "

Mais dans ce cas précis, le premier employeur c’était le ministère de la culture, le deuxième un théâtre italien qui était avant passé par l’Odéon

" Cela a soulevé une discussion, car c’était nouveau, c’était la première fois qu’effectivement un fonctionnaire... "

Il y a eu donc eu un problème pour la commission de déontologie

" Non absolument pas. Pourquoi? La commission de déontologie n’a rien à voir. C’est seulement lorsque vous passez dans le privé et que vous avez été dans un poste où vous avez contrôlé une autre société. Je n’ai jamais contrôlé Giorgio. Quand je travaillais à l’Odéon j’étais payé par l’Odéon et pas par l’État.

Travaillant comme administrateur d’un théâtre national, on me propose de travailler une partie de mon temps en Italie, je pose la question au ministre, Monsieur DOUSTE-BLAZY, qui me donne son feu vert. Cela ne s’est évidemment pas fait aussi vite. "

Depuis la mort de STREHLER, LANG a décidé de partir ou de rester?


" Il ne veut pas partir, sa position est simple : il ne veut pas partir en prenant le risque d’une nouvelle crise. Il ne fera pas la politique du pire en disant Giorgio est mort alors je pars. "

Mais personne ne veut reprendre ce théâtre


" Pour l’instant non. Objectivement STREHLER était un monstre et un génie pour tous les gens de théâtre et bien évidemment, à un mois de sa mort, il faut que les choses passent. "

(1) Réalisée en janvier 1998.

 
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