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Chaque mois, l'essentiel de l'actualité du droit et de la gestion de la création artistique
  

 L’ancien ministre de la culture Jean-Jacques AILLAGON cumule décidément beaucoup et en veut encore plus. Outre ses fonctions de conseiller régional et de membre du conseil économique et social, ou de programmateur pour la Ville de Venise, Monsieur Jean-Jacques Aillagon a été nommé en septembre 2004 conseiller auprès du président d’Artémis, François Henri PINAULT, pour les activités culturelles. Cette société dirige le groupe Pinault Printemps Redoute qui contrôle notamment la FNAC, Le POINT, L’Histoire, Historia, sociétés en relations régulières avec le ministère de la culture et/ou ses établissements publics. Monsieur AILLAGON a de plus été nommé en février 2005 au Conseil d’Administration de TALLANDIER, éditeur spécialisé en histoire. Ces nominations nous semblent relever de l’infraction de prise illégale d’intérêt prévue et réprimée à l’article 432-13 du code pénal (1).

 Monsieur François PINAULT nous semble lui aussi se rendre complice de cette infraction en engageant l’ancien ministre de la culture comme conseiller personnel. Il semble difficile d’imaginer que Monsieur François PINAULT ignorait les anciennes fonctions de Monsieur Jean-Jacques AILLAGON et n’a pas bénéficié, notamment dans le cadre de ses fondations, des dispositions relatives au mécénat que ce dernier a mis en place. De plus, les nombreuses sociétés du groupe ARTEMIS intervenant dans le monde de la culture et de l’art, sont en contact permanent avec le ministère de la culture et ses institutions.

Monsieur AILLAGON peut-il être nommé président de TV 5 ?

Monsieur AILLAGON envisage de plus de se faire nommer à la présidence de la chaîne de télévision TV5, sur laquelle les ministres de la culture et le ministère des affaires étrangères (il s’agit en effet d’une chaîne mondiale, présente sur les cinq continents) exercent la tutelle, et dont les chaînes du service public français, sont actionnaires à hauteur de la moitié du capital social, France Télévision détient 47,38 % du capital social de TV5, et ARTE France en possède 12,50 %. Ces deux entreprises sont elles-mêmes présidées par des anciens directeurs généraux du Centre National de la Cinématographie (ministère de la culture) qui ont en leur temps effectué un pantouflage illégal...

Les chaînes publiques françaises sont bien entendu sous la tutelle permanente du Ministère de la culture, les présidents sont d’ailleurs très souvent des anciens hauts fonctionnaires en situation de pantouflage illégal. Pour une fois ce projet de nomination soulève des problèmes. Les syndicats de l’entreprise invoquent effectivement le caractère illégal de ce projet de nomination, et le Canard Enchaîné a relayé l’information.

Ces fonctions de Monsieur AILLAGON au sein d’entreprises dont il exerçait la tutelle dans ses fonctions ministérielles et auxquelles il a pu rendre des services en qualité de ministre nous semblent là encore relever des dispositions de l’article 432-13 du code pénal (1).

L’ancien ministre de la culture Jean-Jacques AILLAGON continue à faire l’actualité et à cumuler les fonctions et les prises illégales d’intérêt sans gêne aucune.

La présidence de TV5 ne lui suffisant pas, il s’est également fait élire président de Canal France Internationale (nouvelle prise illégale d’intérêt).

Par ailleurs, il est toujours conseiller de François PINAULT. Alors que Monsieur Jean-Pierre FOURCADE le Maire de Boulogne-Billancourt rend responsable le ministère de la culture et ses lenteurs de l’échec de l’implantation sur l’Ile Seguin de la fondation Pinault pour l’art contemporain, c’est l’ancien ministre qui lui répond au nom de la fondation PINAULT, et qui récupère le projet pour le Palais GRASSI de Venise dans lequel il est également impliqué à titre personnel.

À voir comment la presse relate ces événements sans s’offusquer le moins du monde (Canard Enchaîné mis à part), on comprend l’emprise du ministère de la culture sur la presse d’information qu’il subventionne et finance discrétionnairement.

Le syndicat national des Journalistes (SNJ) a porté plainte contre Monsieur Jean-Jacques AILLAGON pour prise illégale d’intérêt. Il s’agit d’une citation directe et le débat sera donc retreint aux seuls faits et infractions visés dans la plainte, c’est-à-dire la nomination à la présidence de TV 5 et CFI. L'affaire devrait être jugée au printemps prochain. Le journal Libération a été le seul des quotidiens nationaux à faire état de cette information..., et de manière très partiale et anecdotique.

Juin 2007 : Monsieur AILLAGON a été nommé président de l'établissement public Chateau de Versailles. Ayant été ministre de la culture jusqu'en mars 2004, et les dispositions de l'article L. 432-13 du code pénal ayant été modifiées en2007, il a été nommé juste après l'écoulement du délai de trois années et n'encourt donc pas de critiques au regard de l'article 432-13 du code pénal.

Cependant, en sa qualité de conseiller de la fondation ARTEMIS et de Monsieur PINAULT, il convient d'espérer qu'il n'a pas participé à des opérations de mécénat intéressant Versailles. Dans le cas contraire, il tomberait sous le coup des dispositions de l'article L. 432-12 du code pénal.

On ne sera sans doute pas étonné de voir que Monsieur AILLAGON qui avait accepté la nomination juridiquement fort criticable de Madame ALBANEL a ce poste lorsqu'il était ministre de la culture bénéficie d'un renvoi d'assensceur.

Monsieur AILLAGON conserve en outre ses rémunérations multiples, et continue de percevoir une rémunération de conseiller régional de Loraine et de membre du Conseil économique et social.

(1) L'article L. 432- 13 du Code pénal énonce :

L'article L. 432-13 du Code Pénal énonce :
est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 Euros d'amende le fait, par une personne ayant été chargée, en tant que fonctionnaire public ou agent ou préposé d'une administration publique, à raison même de sa fonction, soit d'assurer la surveillance ou le contrôle d'une entreprise privée, soit de conclure des contrats de toute nature avec une entreprise privée, soit d'exprimer son avis sur les opérations effectuées par une entreprise privée, de prendre ou de recevoir une participation par travail, conseil ou capitaux dans l'une de ces entreprises avant l'expiration d'un délai de cinq ans suivant la cessation de cette fonction. ”

Les alinéa 3 et 4 et 5 de cet article précisent :

Au sens du présent article, est assimilée à une entreprise privée toute entreprise publique exerçant son activité dans un secteur concurrentiel et conformément aux règles du droit privé."

Ces dispositions sont applicables aux agents des établissements publics, des entreprises nationalisées, des sociétés d’économie mixte dans lesquelles l’État ou les collectivités publiques détiennent directement ou indirectement plus de 50 pour cent du capital et des exploitants publics prévus par la loi n° 90-568 du 2 juillet 1990 relative à l’organisation du service public de la poste et des télécommunications.

L’infraction n’est pas constituée en cas de participation au capital de sociétés cotées en bourse ou lorsque les capitaux sont reçus par dévolution successorale. ”

 
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